Une momie qui ressuscite by Arthur Conan Doyle

Une momie qui ressuscite by Arthur Conan Doyle

Auteur:Arthur Conan Doyle [Doyle, Arthur Conan]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: L’Édition française illustrée
Publié: 1925-01-21T23:00:00+00:00


VI

— C’est inutile, dit le professeur Ainslie Grey, ouvrant la porte et entrant. J’ai entendu la dernière partie de votre conversation. Je n’ai pas voulu vous interrompre avant que vous ne fussiez arrivés à une conclusion.

O’Brien allongea la main et prit celle de sa femme.

Ils étaient debout tous deux, leur visage éclairé par le soleil.

Le professeur demeura près de la porte, les mains derrière le dos.

Sa longue ombre noire tombait entre eux.

— Vous avez pris une sage décision, dit-il. Partez ensemble pour l’Australie, et effacez de votre existence ce qui s’est passé.

— Mais vous, vous… bégaya O’Brien.

Le professeur fit un geste de la main.

— Ne vous préoccupez jamais de moi, dit-il.

La femme pleurait.

— Que puis-je dire ou faire, gémissait-elle. Comment aurais-je pu prévoir cela ? J’ai cru que mon ancienne vie était morte. Mais elle est revenue avec toutes ses espérances et tous ses désirs. Que puis-je vous dire, Ainslie. J’ai apporté la honte et le malheur à un digne homme. J’ai gâché votre vie. Comme vous devez me haïr et me maudire ! Je voudrais que Dieu ne m’eut jamais mise au monde !

— Je ne vous hais ni ne vous maudis, Jinny, dit le professeur doucement. Vous avez tort de regretter votre naissance, car vous avez une digne mission devant vous, si vous facilitez la vie de travail d’un homme qui s’est montré capable dans les recherches scientifiques de l’ordre le plus élevé. Je ne puis avec justice vous blâmer personnellement de ce qui est arrivé. Jusqu’à quel point la monade individuelle peut-elle être rendue responsable des tendances héréditaires enracinées en elle ? C’est une question sur laquelle la science n’a pas encore dit son dernier mot.

Il était debout, les bouts des doigts les uns contre les autres, le corps penché, comme quelqu’un qui expose un sujet difficile et impersonnel.

O’Brien s’était avancé pour dire quelque chose, mais l’attitude de l’autre et sa manière glacèrent les paroles sur ses lèvres.

La condoléance ou la sympathie seraient une impertinence pour celui qui pouvait si facilement noyer ses chagrins privés dans les profondeurs des questions de philosophie abstraite.

— Il est inutile de prolonger la situation, continua le professeur sur le même ton mesuré. Mon coupé est à la porte. Je vous prie de vous en servir comme de votre bien. Il serait peut-être bien que vous quittiez la ville sans retards inutiles. Vos effets, Jeannette, vous seront expédiés.

O’Brien, la tête basse, hésitait.

— J’ose à peine vous tendre la main, dit-il.

— Au contraire ; je pense que de nous trois, c’est vous qui vous tirez le mieux de cette affaire. Il n’y a rien dont vous puissiez rougir.

— Votre sœur ?…

— Je lui exposerai les choses sous leur vrai jour. Adieu ! Envoyez-moi un exemplaire de vos nouvelles recherches… Adieu, Jeannette, adieu !

Leurs mains se joignirent, et, pendant une seconde, leurs regards.



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